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En 1090, au Château de Fontaine, près de Dijon, Dame Aleth, épouse du chevalier Tescelin, vient d'avoir son troisième enfant qu'elle nomme Bernard. On raconte qu'avant sa naissance elle aurait vu en songe un chien roux qui aboyait, et par ailleurs, que Bernard enfant aurait assisté, une nuit de Noël, à la naissance de l'Enfant Jésus. Ces anecdotes sur l'enfance de ce génie que fut Bernard, veulent sans doute souligner des traits caractéristiques de sa vie : d'une part son activité comme prédicateur au service de l'Eglise, et d'autre part sa dévotion affective envers l'humanité du Christ et sa mère.

L'enfant fait ses études chez les chanoines de Saint Vorles à Chatillon, où il reçoit une formation littéraire de qualité. La mort de sa mère quand il a 16 ans, est pour lui une épreuve qui le marquera en profondeur. Sa personnalité s'affirme. Il prend conscience de la vanité du monde, et comprend qu'il est appelé à tout quitter pour "reposer son âme sous le joug du Christ". De tempérament très liant, il se révèle vite un entraîneur d'hommes, si bien que c'est tout un groupe de ses frères et ses amis, qui arrive à Cîteaux en 1113. A combien se monte ce groupe ? On ne saurant le dire avec précision, mais les sources affirment qu'ils étaient une trentaine au noviciat. Bernard avait alors 22 ans.

Cet afflux ne fait que renforcer le mouvement de fondation déjà amorcé par la fondation de La Ferté. Aussi, en 1115, l'abbé de Cîteaux, Etienne Harding, envoie Bernard à la tête de quelques moines fonder Clairvaux, en Champagne. Bernard restera abbé de Clairvaux jusqu'à sa mort en 1153, et sous son abbatiat, Clairvaux fondera une soixantaine d'abbayes nouvelles.

Venu au monastère pour vivre dans le silence et la solitude, Bernard est souvent appelé à intervenir dans la vie religieuse et politique de l'Europe : papes, évêques, rois et seigneurs font appel à lui. Comblé de dons naturels et spirituels, Bernard est une grande figure du XlIe siècle. Moine authentique, grand spirituel, il est passionné par tout ce qu'il fait, et d'abord passionné de Dieu et du Christ, Verbe incarné. Son désir de Dieu engage tout son être et c'est son expérience personnelle qu'il laisse percevoir dans son enseignement. Écrivain hors pair, son influence fut grande non seulement dans l'Ordre cistercien, mais bien au- delà : elle dépassa les limites de son siècle.

Les traits caractéristiques de sa spiritualité sont un amour ardent pour le Christ, Verbe incarné et sa Mère, un désir de l'union à Dieu qui s'appuie sur une expérience intime.

Les écrits que nous gardons de lui sont nombreux : Traités : "Les degrés de l'humilité et de l'orgueil", et "De l'amour de Dieu", ses premiers écrits où se lit déjà toute sa doctrine. - "De la considération" (adressé à Eugène III, un de ses moines devenu Pape), et autres traités ; de nombreux Sermons sur le temps liturgiques ou sur d'autres sujets, et des Lettres, abondantes, elles aussi. Son chef- d'oeuvre reste son Commentaire du Cantique des Cantiques resté inachevé à sa mort.