Guerric d'Igny (v. 1070/80-1157)

La naissance de Guerric se situe entre 1070 et 1080 à Tournai, donc 10 à 20 ans avant celle de Bernard. Il reçoit son éducation à l'école cathédrale de Tournai : humanité, dialectique et théologie, ce qui lui vaudra un talent d'écrivain bien formé et développé. Sans doute bénéficiera-t-il de l'enseignement d'un maître fameux, Odon de Cambrai. Sans doute aussi sera-t-il chanoine de la cathédrale et chargé de l'école cathédrale.

Mais, en 1116, il décide de mener la vie érémitique et se retire dans une petite maison, à proximité de l'église

Il entend parler de saint Bernard par deux de ses amis et visite Clairvaux en 1120, sans avoir l'intention d'y rester. Mais Bernard qui reconnaît en lui l'étoffe d'un bon moine, le presse d'entrer. Le voici novice à Clairvaux, un novice plus âgé que son abbé, et sur le plan humain, doté de plus d'expérience et de maturité. Guerric reste 13 ans à Clairvaux, période qui coïncide avec le plein épanouissement des dons de Bernard et sa meilleure production littéraire.

Puis vers 1138, il est envoyé à Igny, en Champagne, qui a été fondée en 1128, et il en devient abbé. Il a environ 60 ans. Sa mauvaise santé le rend incapable de mener la vie commune et de prendre sa part du travail manuel. Il le regrette, car il voit dans cette observance du travail des mains une des voies où l'on rencontre Jésus. Sous l'abbatiat de Guerric, Igny prospère, les vocations arrivent nombreuses. Pourtant c'est uniquement à son oeuvre, à ses sermons que sera due l'influence postérieure de Guerric qui meurt en 1157.

Nous n'avons de Guerric que le recueil de ses sermons. Tous, sauf le dernier, ont pour sujet les fêtes de l'année liturgique. Guerric y insiste sur les mystères liturgiques et sur la formation du Christ en l'âme de ceux qui y participent. En maints endroits, il reprend l'idée origénienne de la conception et de la naissance du Christ en l'âme. En recevant les sacrements et en imitant le Seigneur, nous le faisons naître en nous. L'âme devient alors "Mère du Christ", et Celui-ci nous donne la vraie vie en communiquant l'Esprit qui procède du Père et de lui.

On retrouve cette idée chez d'autres auteurs ; mais rarement elle a reçu un pareil développement et s'est exprimée en termes aussi tendres : nous sommes des mères de l'Enfant qui est né non seulement pour nous, mais de nous. C'est ainsi qu'à l'exemple de la Vierge, modèle de cette maternité spirituelle, nous grandissons dans la lumière du Christ dans la foi et dans la sagesse, dans cette contemplation qui est adhésion amoureuse, et qui est également désir d'une expérience de Dieu aussi intime qu'il est possible ici-bas, avant la gloire d'en-haut.


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