C'est dans cette ligne de la grande prière de l'Eglise que se situe la prière personnelle, qui, tout au long du jour, prolonge dans le coeur du moine la prière de l'Office divin. Tout au long du jour, car de tous temps les textes de l'évangile : Luc 18, 1et de Paul, surtout Eph. 6, 18 : "Priez à tout moment, apportez-y une vigilance incessante", ont interpellé les chrétiens et les moines en particulier. Comment prier sans cesse ? Chacun sait que la prière n'est pas toujours facile, et surtout les nécessités corporelles qui impliquent le besoin de gagner son pain semblent devoir rendre impossible ce précepte. Après quelques essais un peu naïfs, les anciens ont découvert la véritable piste : des exercices de prière fréquents qui peu à peu introduisent à une prière simple, une prière sans paroles, une prière du coeur. Ce sont des prières courtes, fréquemment répétées, court verset de l'Ecriture, par exemple chez Cassien : "Seigneur viens à mon aide", ou encore la prière du publicain (Luc, 18, 10), connue actuellement sous le nom de "prière de Jésus" : "Seigneur Jésus, prends pitié de moi, pécheur !". Répétées tout au long du jour, ces très courtes prières, élan du coeur vers Dieu, mettent dans un état de prière : le coeur veille à travers toutes les occupations. La charité est établie à demeure dans le coeur. Ici aussi, la Parole de Dieu a une grande importance : elle est le lien entre la prière en Communauté et la prière personnelle. Ces deux formes de prière sont du reste dépendantes l'une de l'autre : une parole tirée de l'Office peut servir de prière durant la journée, et cette répétition créera un climat de prière qui permettra une meilleure participation à l'Office.
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